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26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 09:38

De ce congrès, je ne savais pas quoi en penser. Il arrivait trop vite après cette présidentielle qui avait laissé tant de cicatrices. Comment pouvions nous créer un semblant d’unité quand pour la première fois certain.e.s d’entre nous avaient fait le choix d’un candidat en dehors de notre parti.

Difficile aujourd’hui, voire douloureux d'être socialiste. Non pas pour les valeurs du socialisme qui sont et resteront à jamais les miennes, mais pour le cadre du parti dans lequel nous cohabitons. Pour son histoire bafouée. Pour ces camarades qui perdus ne croient plus en leur parti dont l’héritage est pourtant si grand.

Alors au seuil de ce congres me voilà, comme beaucoup je crois, emprise aux doutes. Bien déconcertant est celle ou celui qui se prononce sans état d'âme sur l'homme providentiel. L’homme sans parti pris tourné vers un devenir collectif, et non vers sa seule notoriété.

Difficile de trouver la personne qui ambitionne de bousculer le vieux monde et prêt à incarner le nouveau.

Difficile... Bravo à  celles et ceux qui l'ont su tout de suite sans tergiverser défendant leur poulain comme si nous faisions un énième congrès dans la plus pure tradition.

Double bravo à celles et ceux qui ont eu cette démarche courageuse d'être si sûr.e.s de leur choix localement quand nous savons toutes et tous où nous a conduit la dégringolade politique de nos actions.

 

Mais voilà il faut choisir, car en politique la pensée neutre n'existe pas ou alors elle est le symbole de l'allégorie du : "en même temps".

 

J'ai un profond respect pour Luc Carvounas, rares sont ceux qui ont fait la campagne des présidentielles comme des militant.e.s et non des vipères gorgées de venin. Sa métamorphose idéologique m'a intriguée mais l'homme ne peut être que sincère j'en ai la conviction, comme d’ailleurs nos quatre candidats, qui ont compris que sans mettre à nu leur pensée dans ce combat, celui-ci serait perdu. Mais très vite j'ai eu un sentiment de trop peu...

 

Et puis il y a eu ici, dans notre département, quelque chose qui s'est produit et qui n'avait pas eu lieu depuis des décennies. Une personne a osé, sans faux semblants,  faire de la politique au sens le plus noble du terme. Combien avons nous eu de leader prêt à défendre une renaissance ici  ? Combien de fois avons nous entendu parler de jours nouveaux, qui n’avaient que pour seul objectif d’asphyxier les talents de notre parti et notre besoin de changement.

Si notre parti est souffrant, notre fédération est mourante, nous le savons. Devenue tellement caricaturale dans ses divisions et ses pratiques, avons nous seulement encore l’idée que sans sa prospérité nous ne sommes rien ?  Sommes nous seulement l’addition d’egos croyant que quelque chose de neuf, pour quelques uns ou quelqu'un, peut ressortir du néant ? Au contraire plus le néant approche, plus les vieilles pratiques se renforcent, les basses manoeuvres s'amplifient, et ce silence assourdissant de notre abdiction, dû à l'impossibilité d'être entendu.e.s.

Quand comprendrons nous que notre temps ne peut se réduire à détruire ce que nous devons construire pour les générations à venir et que ces générations ont les mêmes préoccupations à Marseille que « hors de Marseille » comme il est devenu habituel de le dire.

 

Et pourtant aujourd’hui quelqu’un a montré qu'il croit non seulement en l’avenir de notre parti mais surtout qu'il a confiance en nous pour prendre notre part dans cette renaissance. Pour une fois nous ne représentons pas une équipe de foot ou un factice cahier d’émargement soucieux de choisir son futur vainqueur mais nous sommes les artisans de la renaissance. En prenant le temps de ne pas choisir un.e mandataire/mandatrice auto proclamé.e mais en écoutant sérieusement les aspirations des camarades, en prenant en compte la situation locale, Olivier Faure a fait un choix décisif pour l’avenir de notre fédération.

Vous le savez je me suis souvent battue pour faire émerger de nouvelles pratiques et un projet d'avenir dans notre fédération. C'est pour cela que j’ai été candidate au poste de premier.e fédéral.e lors d'un précédent congrés. J’ai alors vu le pire de ce que pouvait être certains procédés. Je me suis surtout battue contre des montagnes, qu’à aucun moment, personne n’a souhaité déplacer et notamment le national. Cela a destabilisé de nombreux camarades.

 

Nous avons été alors le laboratoire de ce qui se passe aujourd’hui dans notre parti.

Demain nous pouvons être le laboratoire de sa renaissance. 

 

En choisissant Benoit Payan comme mandataire, alors que les jeux semblaient déjà tout tracé comme souvent, ce qui m'a d'abord conduit à être méfiante, Olivier Faure a voulu donner une image de ce que doit être notre parti, d'une méthode. Il nous propose un cheminement qui ne se veut pas une synthèse molle qui aurait pour objectif de mettre nos débats sous le tapis (qui peut d'ailleurs penser que c'est possible aujourd'hui !), mais plutôt une méthode pour les affronter et d'en tirer les conclusions pour reconstruire notre parti et non se répartir les bijoux de famille.

Cette méthode :  s’opposer en étant force de propositions , en cherchant le rassemblement, en ne laissant jamais place à la compromission, en attaquant nos adversaires plutôt qu’en essayant de supprimer son camp, rechercher l’apaisement et comprendre le désarroi de certains de nos camardes et par la discussion, l'argumentation et la pédagogie raviver la flamme qui nous a fait défaut. Car seul le Parti socialiste peut se prévaloir des plus grandes réformes de notre société, celles qui permettent à tout un chacun de s’épanouir.

 

Celles et ceux qui pensent pouvoir exister sur les cendres d’un parti se trompent il ne peut y avoir deux PRG. Celles et ceux qui pensent que le parti n’a plus d’avenir ont tort, sa métamorphose n’a jamais été aussi vitale.

 

Voilà la seule question qui me semble utile en tant que militante et citoyenne dans ce congrés : 

Est-il utile voire nécessaire à la gauche et surtout à la société qu'existe demain un Parti Socialiste en France ? Je ne parle pas d'un appareil qui quoi qu'il arrive sera toujours prompt à négocier des alliances électorales pour assurer la survie politique de quelques un-e-s. Je parle d'un cadre collectif dans lequel, nous militant.e.s, responsables politiques, nous avons la capacité de donner un avenir à nos valeurs, de les concrétiser par un projet de société qui puisse se déployer sur les territoires et sur le plan national.

Comment pouvons-nous aujourd’hui nous opposer à la politique de Maryse Joassains, comment pouvons nous combattre le populisme d’un Georges Christiani, comment inventer une métropole de projets ? La réponse n’est pas en opposant le département et Marseille. Celles et ceux qui ont voulu faire croire cela nous ont fait perdre toutes les élections.

 

On considère notre parti comme proéminent, mais quelle actualité avons nous produit ? Surs d’eux, certains ont cru que notre maison leur appartenait surfant sur le désespoir et la résignation qu’ils/elles avaient produit.e.s, aujourd’hui nous avons l’occasion de nous la réapproprier, quand bien même les murs ne nous appartiennent plus, quand bien même nous devons êtres lucides et humbles sur notre situation et dans notre rapport au reste de la gauche. Nous pouvons redonner du sens à cette maison et en ouvrir les portes restées trop longtemps fermées à toutes celles et tous ceux qui s’en sont détournés.

 

Oui tout en étant lucides et humbles sur notre situation, parce que nous devons êtres lucides et humbles sur notre situation, nous pouvons peut être au moins localement relever la tête en réussissant le pari de la vérité, de la crédibilité, en tournant définitivement la page. À Paris comme dans les Bouches du Rhône notre devoir d’exemplarité passe nécessairement par la rénovation de nos pratiques. Olivier Faure a pris ses responsabilités à nous de prendre les nôtres individuellement et collectivement. Il n’énonce pas de certitudes mais il a la mérite de proposer une méthode qu’il met en acte dès maintenant en faisant le pari que nous saurons nous en saisir pour construire le cadre collectif de demain, pour que vive le socialisme.

 

Nous étions en sursis nous avons une chance unique de récupérer ce qui nous appartient : notre fédération. Olivier Faure a montré qu’il faisait le choix de redonner la parole aux territoires et de laisser émerger les talents dont nous avons besoin. Toutes ces personnes qui composent notre parti et qui méritent tant d’être mises en avant pour que nous apprenions de leur expérience. Bien sûr que nous devons nous entourer des forces citoyennes mais combien de talents divers représentatifs de la société cachons nous dans notre parti ?

 

Nous pouvons encore susciter l’envie. Cela passe par des débats, des ateliers, de la formation, des rencontres avec les citoyen.ne.s, de nouveaux modes de militantisme, tout ce qui n’existe plus.

 

C’est ainsi que nous pourrons répondre aux questions essentielles :

À quoi sera utile la fédération du parti socialiste des Bouches-du-Rhône demain pour nos concitoyens, pour Fralib, pour les salariés de Gemalto ? Comment combattre le FN et endiguer l’abstention ? 

 

Il faut pouvoir accompagner nos élu.e.s, et préparer les futur.e.s responsables aux victoires de demain pour redonner vie au socialisme sur nos territoires.  Il n’y a pas Marseille d’un côté, et le reste du département de l’autre. Notre fédération est une et indivisible. C’est collectivement que notre famille retrouvera la fierté et pourra être force d’opposition crédible à l’alliance LREM/Les Républicains.


Il est donc temps d’ouvrir le débat sur ce que nous voulons faire ensemble.


Chacun(e) d’entre vous compte. Mais le poids de l’influence n’a de sens que s’il égale celui de la responsabilité. D’ailleurs, celles et ceux qui pensent qu’il s’agit seulement d’une guerre de clan se trompent. Il s’agit bel et bien de faire en sorte que la rénovation se ressente pleinement dans l’orientation que prendra la fédération à la suite de ce congrès.

 

La fédération ne doit pas être un appareil au service des ambitions individuelles, mais le foyer de nos ambitions collectives. 


Je veux croire qu’elle n’a pas atteint un point de non retour et que l’intelligence collective nous rendra capable de nous remettre en question. Nous avons une responsabilité énorme, nous portons un espoir nous devons réussir. Je sais que nous y arriverons.

 

 

Amitiés socialistes

 

 

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Published by Nathalie Pigamo